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dimanche 29 octobre 2017

Ef yw Gwneuthurwr holl greadigaethau’r ffurfafen a phlaned Daear.




Ef yw Gwneuthurwr holl greadigaethau’r ffurfafen a phlaned Daear.

(gallois pour “Il est le Créateur du ciel et de la Terre”


Giusto de Menabuoi, Création du monde,
XIVème siècle
(source)



















Bonjour à toutes et tous!


Ces derniers dimanches, nous nous sommes permis de faire un beau tour des dérivés français et germaniques de la délicieuse racine indo-européenne 
*werǵ-, “faire”


C'est ainsi que nous avons épinglé à l'actif de *werǵ-, “faire”...

  • organe, organigramme, organiser, orgue
d'une fille un peu stupide, on ne dit plus qu'elle est gentille, on dit qu'elle est organisée. 
  • allergie, argon, chirurgie, énergie, ergonomie,  ergothérapie, léthargie, liturgie, métallurgie, synergie
l'ergothérapeute était allergique à toute liturgie.
  • démiurge, dramaturge, exergue, orgie, thaumaturge
Viiite, sors des WC, ça uuuuurge !!!!
et enfin...
  • boulevard, bulwark, work.
"Travaux sur la Grande Ceinture et le boulevard Groeninckx-De May"



Aujourd'hui, nous allons entamer un dernier round, un tour d'honneur...

le tour d'honneur du Grand Prix d'Angleterre 1991, où
Mansell ramena aux stands Senna juché sur sa Williams-Renault
(source)


Un tour d'honneur, disais-je, en passant par quelques-uns des dérivés de notre *werǵ-, “faire” qui permettent de réaliser à quel point elle est présente ailleurs, dans d'autres groupes linguistiques indo-européens, parfois nettement plus exotiques


il n'y a pas que les langues helléniques, romanes et germaniques, sur
un arbre linguistique indo-européen


Et qui nous font tellement rêver... Je parle en tout cas pour moi.

à Urâmân (Iran), on parlait jadis l'avestique...


C'est d'ailleurs par la présence même de ses dérivés un peu partout dans le domaine indo-européen que l'on peut qualifier l'adorable *werǵ- d'indo-européenne.


Commençons donc  - et ce sera le thème de ce dimanche - par un groupe linguistique qui n'est pas - ni géographiquement, ni linguistiquement - très éloigné de nos groupes romans et germaniques...


Oui, commençons par le groupe des langues ... celtiques !

(source)


rarissime photographie de Celtes (on pense qu'ils craignaient d'être pris en
photo ; pour eux, les photographier équivalait à leur voler leur âme)

Nous y trouvons le celtique commun, ou proto-celtique (non attesté, par définition, car reconstruit) *wreg-o-, “faire, fabriquer”.


les langues celtiques, à partir du celtique commun
(source)



*wreg-o-, et pas *werg-o- ... Mmmh ?


Oui, vous avez sous les yeux une belle métathèse, une inversion de phonèmes tout ce qu'il y a de classique.
Mais ici, le phénomène est un rien plus complexe, car on soupçonne un cas de ... schwebeablaut.



































 Ce n'est déjà pas très agréable à regarder 
- personne n'oublie sa première schwebeablaut -, 
mais ce n'est pas non plus sans danger. La contagion est possible.
Une schwebeablaut
- “ablaut (donc alternance vocalique) flottante -
est une métathèse, certes, mais déjà présente dans la racine indo-européenne, où la voyelle-pivot et la consonne voisine permutent l'une avec l'autre. 
Le résultat est qu'alors - horreur, malheur - deux degrés pleins de la même racine peuvent en théorie cohabiter. Ce phénomène ne se serait appliqué, heureusement, qu'à certaines racines...

Ici donc, à côté de notre *werǵ- bien aimée, aurait aussi existé la forme *wreǵ-.

Comprenez donc que pour le cas qui nous occupe, la métathèse ne se serait pas réalisée en proto-celtique, mais bien avant, en (proto-)indo-européen.



Le celtique *wreg-o- se serait simplement construit sur la forme variante *wreǵ- de notre pourtant si simple et si jolie *werǵ-.
Je sais, ce n'est pas facile à entendre. Mais soyez forts, et essayez de réagir en adultes.

De l'étymon celtique *wreg-o- dériveront,
  • par le moyen breton groa, gra, le breton gra, “acte, action, affaire, transaction...”, ou 
  • le cornique gwra, de sens similaire.

Mais en dérive aussi le...
- OUI, je sais que vous l'attendez toutes et tous, avec impatience, 
je le gardais pour la fin -
... moyen gallois ...














... gwneuthur (toujours “faire, fabriquer”).

D'où le gallois gwneuthurwr, désignant le faiseur: le créateur, le fabriquant, que vous aurez reconnu dans le titre de ce dimanche.


Enfin, on soupçonne (tout le monde n'est pas d'accord) également le premier terme du composé gaulois vergo-bretos d'en être le descendant.

C'est Jules César qui nous a transmis le mot, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, mais sous la forme vergobretus, évidemment.

(source)


Le vergobretos, qu'on nomme à présent vergobret, était un magistrat chez les Gaulois, ou du moins chez les Éduens.

le territoir des Éduens
(source)


Si la plupart des cités gauloises étaient gouvernées par un roi, certaines l'étaient par ce fameux vergobret.

Vergobretos, 
Vergo (“action, activité”) et bretos, “jugement”, 
aurait ainsi désigné littéralement le juge des activités, des travaux (de la collectivité): le juge suprême.

Cette magistrature, même si dictatoriale, qui réunissait la direction civile et militaire de la cité gauloise, ne durait qu'un an !

César la définit comme étant l'exercice d'une regia potestas, “pouvoir royal”, dont l'accès était électif et sous le contrôle des prêtres (les sacerdotes ou, plus exactement, les druides), ce qui rappelle étrangement le principe de l'élection royale ... irlandaise.

(source)
Ce qui tombe particulièrement bien, car bretos est un cognat de l'ancien irlandais brith, qui donnera l'irlandais breth, “jugement, sentence, décision”
(Grand merci à Alain Rey, à L'Encyclopaedia Universalis, et à Laurent Lamoine, in “Le pouvoir local en Gaule romaine”.)

Sachez encore que ce bon Gilles Ménage,

Angers le 15 août 1613 - Paris le 23 juillet 1692, 
dans son Dictionnaire Etymologique de la Langue Françoise, nous précise, à l'entrée
VERG ou VIERG”,
qu'...
“On appelle ainfi à Autun le Magiftrat de la ville. Peut-être de l'ancien mot Gaulois Vergobretus.

Oui, il avait tapé jufte.



Et voilà pour les langues celtiques.

Ah oui! J'oubliais:

Vous aurez finement déduit que si le gaulois Vergobretos descend bien de notre indo-européenne *werǵ-, alors il faudrait comprendre qu'il dérivait d'un proto-celtique *werg-o-, lui-même dérivé de la forme non-métathésée *werǵ-.



Allez, on récap'?

*werǵ-
, “faire”

schwebeablaut

*wreǵ-

proto-celtique *wreg-o-

moyen breton groa, gra

breton gra, “acte, action, affaire, transaction...”




*werǵ-, “faire”

schwebeablaut

*wreǵ-

proto-celtique *wreg-o-

cornique gwra




*werǵ-
, “faire”

schwebeablaut

*wreǵ-

proto-celtique *wreg-o-

moyen gallois gwneuthur, “faire, fabriquer”

gallois gwneuthurwr, créateur, fabriquant



Et peut-être aussi ...



*werǵ-, “faire”

proto-celtique *werg-o-

gaulois vergo- dans vergobretos, “vergobret”





Je vous souhaite un excellent dimanche, et une très bonne semaine !

Dimanche prochain, nous partirons vers les contrées orientales...





Frédéric



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(Mais de toute façon,
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Et pour nous quitter,
en hommage à Jules César sans qui nous n'aurions jamais connu le vergobret, 

Un duo superbe et étonnant, 

où la voix haute et la voix basse permutent,
un peu comme dans une schwebeablaut.


Nathalie Stutzmann et Philippe Jaroussky, enregistrant le duo “Son nata a lagrimar”, tiré de
Giulio Cesare in Egitto,
opéra en trois actes composé en 1723 par Georg Friedrich Haendel.







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dimanche 22 octobre 2017

"Travaux sur la Grande Ceinture et le boulevard Groeninckx-De May"







NATURE DES TRAVAUX
Bruxelles Mobilité va réasphalter le Boulevard de la Grande Ceinture
et le Boulevard Maria Groeninckx-De May.

Les travaux se feront en deux phases (Deux week-ends).
Dans la zone de chantier, la circulation ainsi que le
stationnement sont interdits.

AARD VAN DE WERKZAAMHEDEN
Brussel Mobiliteit maakt om de Grote Ringlaan en de Groeninckx-De
Maylaan een nieuwe asfaltlaag te geven.

Deze werkzaamheden worden per fase uitgevoerd. (2 weekend)
In de zone waar gewerkt wordt is geen verkeer mogelijk en geldt
een parkeerverbod.

PLANNING
Boulevard de la grande ceinture et Boulevard Maria Groeninckx-De
May:
Vendredi 06.10 (20h00) → lundi 09.10.2017 (4h00) : de
Chaussée de Ninove jusqu’au boulevard Sylvain Dupuis
Vendredi 27.10 (20h00)  lundi 30.10.2017 (4h00) : de
Boulevard Sylvain Dupuis jusqu’à la Chaussée de Ninove”.

Bruxelles Mobilité
















Bonjour à toutes et tous!


Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude de la racine indo-européenne 
*werǵ-, “faire”, cette racine multi-millénaire, et qui pourtant est toujours bien là, comme par exemple sous les traits de notre français organiser...



*werǵ-, “faire”

forme au timbre o *worǵ-
nom indo-européen *wérǵom-, “travail”

 proto-hellénique *wérgon-

grec ancien ἔργον, érgon, “oeuvre, action, travail, tâche...”

grec ancien ὄργανον, órganon, “instrument, instrument de musique, organe...”

latin classique organum, instrument...

français organe

organiser 



C'est dingue.


Pour ceux (et celles, osons donc l'écriture inclusive, qui m'amuse personnellement beaucoup) qui prennent le train / la traine en marche, ce/tte présent(e) article est déjà le/a troisième que nous consacrons au racin / à la racine *werǵ- ; les deux premiers/ières étant ...
d'une fille un peu stupide, on ne dit plus qu'elle est gentille, on dit qu'elle est organisée.
 et 
l'ergothérapeute était allergique à toute liturgie.


Dans un souci bien naturel d'être parfaitement politiquement correct, et de n'exclure personne
- car bien sûr, l'inclusivité ne peut s'arrêter en si bon chemin -,
je ne voudrais évidemment pas que vous vous mépreniez, et pensiez que je ne m'adresse qu'à des dames en employant le pronom démonstratif celles. Ou qu'à des messieurs par l'utilisation de ceux

Quel esprit étroit oserait encore penser ainsi ? 

  • Si vous estimez que votre genre et/ou orientation sexuelle ne correspond pas au pronom démonstratif ceux / celles (biffez la mention inutile) qui vous est attribué d'une façon si normative et restrictive en fonction de votre sexe
ou 
  • que pour une raison temporaire, transitoire ou permanente vous ne possédiez pas de sexe, ou 
  • qu'au contraire vous en possédez plusieurs (du même genre ou pas), ou encore
  • que pour des raisons de pathologie clinique ou non (je ne suis pas là pour juger), vous viviez (simultanément ou consécutivement) sous des personnalités et/ou sexualités multiples, 
alors je vous propose de choisir le ou les pronom(s) démonstratif(s) qui vous convient/conviennent le mieux, avec la possibilité d'en changer à tout moment. 

Si vous ne souhaitez pas étaler votre vie affective et sexuelle ainsi, vous pouvez également vous créer un pronom démonstratif neutre, ou en tout cas qui vous corresponde au mieux.

Je profite également de ce moment d'inclusivité si important pour insister sur le fait que si je choisis d'écrire en noir (ou plutôt en caractères de couleur, pardonnez-moi), il ne faut y voir aucune volonté de ma part de célébrer une quelconque culture de l'impérialisme occidental sur l'Afrique subsaharienne.

Enfin, si j'écris de gauche à droite, je ne le fais pas pour railler l'arabe et insulter l'Islam, mais par facilité
(Même si - je dois bien l'avouer - je ne suis pas certain qu'un blog puisse être qualifié de halal. Je crois savoir que parmi les savants - oui, dans ce contexte, le mot n'existe pas au féminin - de la foi musulmane, les avis divergent. Oups! J'oubliais, écriture inclusive:  les avis divergent / divulvent.)

J'inclus également tout type de vie extra- (ou intra-)terrestre, de quelque sexe/orientation sexuelle/culture/couleur/religion que ce soit. 

Bon, là, je crois que j'ai déjà inclus pas mal de monde.
Je me sens déjà tellement mieux.

aaaaaaaaah (soupir d'aise)


On peut y aller.


Comme plusieurs d'entre vous l'avaient déjà pressenti, notre jolie *werǵ-, “faire” se retrouvera aussi dans les langues germaniques...

C'est sur cette même forme *wérǵom-, “travail”, que celle qui est à l'origine du grec ancien ἔργον, érgon
- et donc aussi, en toute logique, de notre français organiser -,
que se sont créés les proto-germaniques (et donc, non attestés)
  • *werką-, toujours de sens similaire: “travail, tâche, action”, et 
  • *wurkjan-, “travailler, produire, effectuer”.

Ces deux formes, nominale et verbale, vont donner à leur tour naissance à plein de dérivés germaniques...


*werǵ-, “faire”

forme au timbre o *worǵ-
nom indo-européen *wérǵom-, “travail”

proto-germaniques *werką-“travail...” et *wurkjan-, “travailler...”


Quelques exemples? 

Verk le vieux Norois
Par le - OUIIII!! - vieux norois verk, *werką- nous a donné, sans trop de surprise, le féroïen verk, ou l'elfdalien werk.





Mais c'est toujours bien *werką- que nous retrouvons dans...
  • le vieux frison werk, 
  • le néerlandais werk, ou 
  • le vieux haut-allemand werah, werh, werc. 




Et c'est toujours de *werkąque nous arrivent 
  • l'islandais verk, 
  • les suédois verk et yrke,
  • l'allemand Werk, 
  • le danois værk,
  • le scots wark, ou
  • le vieil anglais worc, weorc, ġeweorc, qui donnera le moyen anglais work, werk, et l'anglais moderne work.

Tous de sens similaire: travail, labeur, action..., même si le suédois yrke signifie plutôt profession.


Quant à la descendance du germanique *wurkjan-, vous la rencontrerez dans, ... 
  • l'anglais to work, via le vieil anglais wyrċan / wircan puis le moyen anglais werken, worchen,
  • le vieux frison werka, wirka, 
  • le vieux saxon (c'est chouette aussi) wirkian, 
  • le néerlandais werken, 
  • les allemands wirken, werken et werkeln, via le vieux haut-allemand wurken,  ou encore 
  • les suédois yrka and orka, ou l'islandais yrkja par - OUIII!!! - les vieux norois yrkja et orka.
vieux Saxon à l'ouvrage


D'une façon générale, tous ces descendants de *wurkjan-, ont conservé son sens initial, travailler, mais parfois, s'en sont (très) subtilement éloignés...

Ainsi, l'allemand werkeln signifie plutôt bricoler, et l'islandais yrkja signifiera cultiver (un champ), ou ... composer un poème !
Il s'agit, dans tous les cas, de produire, de fabriquer, dealiser.



Pour finir en beauté ce dimanche, je vous propose encore un mot germanique composé, descendant, pour l'une de ses deux parties, du germanique *werką-...

- Oh mais, ça suffit maintenant ! Encore du germanique ? Et le français, et les langues romanes, c'est pour les chiens ?
- Ah, vous voilà ! Vous allez toujours bien ?  Vous vous sentez bien inclus, au moins ? C'est vrai que je n'ai pas nommément mentionné les abrutis, les sectaires et les décérébrés dans mon introduction. Mais je dois aussi reconnaître que je n'y pensais pas. Du tout. Mais soit.

Mais attendez quand même la suite...


Ce mot composé dont je voudrais vous parler, on le retrouve deux fois en anglais.

Oui, deux fois ! Car nous avons affaire à un doublet lexical.

En d'autres termes, à un doublon, une paire de mots différents par la forme, mais de même origine étymologique, entrés dans la langue par des voies différentes. 
Oh, des doublets, le français en compte à foison: chaise et chaire, camp et champ, clavicule et cheville...

Ce mot anglais apparaît sous une première forme... bulwark.

Bulwark, bul-wark.

Que l'on peut décomposer en:
Bole - wark.

L'anglais bole désigne le tronc d'un arbre. Le mot provient du (YESSS !) vieux norois bolr, dont dérivent également le danois bul ou l'allemand Bohle, “planche”.

Quant à ce second terme -wark, oui, il dérive bien de notre germanique *werką-.

Mais il a pris ici un sens spécialisé, et désigne le travail ... de construction
D'où, par métonymie, la construction elle-même.
En français, nous parlerions... d'ouvrage !
un ouvrage d'art: pont sur le Rhin, Strasbourg


Bulwark désigne ainsi, à l'origine, un ouvrage de fortification en bois, un rempart.

Le mot n'est pas propre à l'anglais ; on le retrouve aussi
  • en allemand: Bollwerk, 
  • en danois: bolværk, 
  • en néerlandais: bolwerk...

Ça, c'est donc pour Bulwark, le premier terme de ce doublet lexical.


Le second (terme, de ce doublet lexical - allez, on s'accroche) ? 


Boulevard !


Qui signifie rigoureusement la même chose, et désigne - du moins à l'origine - un ouvrage de fortification en bois.

Mais pour arriver en anglais, le mot est ici passé par le ... français.

Qui l'a vraisemblablement emprunté au moyen néerlandais bolwerc.

Il est attesté dans des textes wallons et picards aux XIVème et XVème.

Il sera repris et adapté en français successivement sous les formes bolevers, bollewerc, bollevart, et enfin, au XVème, boulevars. 
C'est en 1559 qu'il se stabilise enfin sous la forme que nous lui connaissons toujours.

Il désignait toujours bien un ouvrage de défense, un rempart fait de terre et de madriers.


Vous le savez, les anciens remparts de nos villes se sont mués en ... boulevards
Qui gardent bien souvent l'ancien tracé des fortifications, mais sont devenus en un premier temps, avant l'automobile, de jolies promenades plantées d'arbres.

Eh oui !

Notre beau français boulevard est une pure invention germanique, mais d'origine indo-européenne.

À Liège, un bras de la Meuse (1), qui courait le long des remparts de la
vieille ville, est devenu le boulevard de la Sauvenière.

tout est ici, sur ce blog bien intéressant:
http://histoiresdeliege.skynetblogs.be/tag/remparts+notg%C3%A9riens



Sachez encore que le français boulevard n'a pas séduit que les Anglais !

Sont tombés sous son charme les Portugais et Espagnols, avec baluarte, et les Italiens, avec baluardo. 



L'eussiez-vous cru?
Oui, l'allemand Werk, l'anglais work dérivent bien de notre jolie *werǵ-, “faire”.
Mais aviez-vous pensé à notre français boulevard?




Moi, en tout cas, je vous souhaite un excellent dimanche, et une très bonne semaine !

À dimanche prochain ?





Frédéric



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Et pour nous quitter,

le remarquable ensemble baroque Tafelmusik, nous interprétant cette fois
du Rameau, et précisément un court extrait de son opéra-ballet
Les Surprises de l'Amour.


Célébrons l'inclusion de la féminité dans le langage, avec le très à propos
Entrée de Vénus

(le rôle de Vénus, soprano, fut interprété pour la première, le 27 novembre 1748,
par Mme de Pompadour, ni plus ni moins)






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