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dimanche 3 juin 2012

DON'T PANIC, 42 et toutes ces sortes de choses


article précédent: feu à volonté




NAD (n.) 
Measure defined as the distance between a driver's outstretched fingertips and the ticket machine in an automatic car-park. 1 nad = 18.4 cm.





("NAD (n.)  
Distance entre l'extrémité des doigts tendus d'un conducteur et le distributeur de tickets dans un parking à paiement automatisé. 1 nad = 18,4 cm.")
Douglas Adams & John Lloyd, The Meaning of Liff

Douglas Adams


Le 25 mai dernier, c'était le Towel Day!

De l'intérêt de toujours avoir un essuie-main,
une serviette de toilette sur soi

Le jour qui célèbre désormais Douglas Adams, décédé en 2001, l'auteur de la nécessaire, indispensable, formidable, extraordinaire Trilogie du "Hitchhiker's Guide to the Galaxy".

Ah oui, je ne l'avais pas précisé, mais ça va de soi: il s'agit d'une trilogie en cinq volumes.


Tout simplement extraordinaire...


A l'origine, il s'agissait d'un feuilleton radiophonique diffusé sur la BBC en 1978.

Humour absurde, décalé, d'une logique irrésistible et implacable.
Douglas Adams et les Monty Python ont puisé clairement à la même source.
Douglas Adams a d'ailleurs brièvement collaboré avec les Monty Python.

DON'T PANIC! (toujours en majuscules!), c'est ce qui est inscrit sur la couverture du "Hitchhiker's Guide to the Galaxy", cette sorte de Guide du Routard intergalactique, que vous consultez en cas de souci, comme par exemple si un Vogon vous oblige à écouter sa poésie...

Quant à 42, c'est tout simplement LA réponse; la réponse ultime, la réponse à LA question ultime (d'où venons-nous, pourquoi, ...)...

Pour en savoir plus, vous devez lire "The Hitchhiker's Guide to the Galaxy"!

Pour ce qui est du Meaning of Liff, Douglas Adams s'était dit qu'il y avait énormément de noms de villes, de villages, de toponymes qui finalement ne servaient à rien.

Et que dans le même temps, une multitude de choses n'avaient pas de nom...

Comme cette flaque dans laquelle on vous rend votre monnaie sur le comptoir d'un bar, ou l'odeur présente dans un taxi que vous empruntez alors que quelqu'un vient d'en sortir, ou encore cette simagrée de marche rapide qu'opère un piéton devant votre voiture quand vous vous êtes arrêté pour le laisser passer...

Et donc, il a, dans The Meaning of Liff, associé à ces noms "inutiles", une définition pour laquelle un mot n'avait jamais été créé... C'est tout simplement hilarant, tordant, intelligent, bien observé...
Un petit bijou...


Eh bien, à ma façon, je célèbrerai la vie et l'oeuvre de Douglas Adams par une trilogie: un sujet qui couvrira trois "dimanche" consécutifs...

Pour faire bonne figure - premier volet de la trilogie - nous devons commencer par une racine proto-indo-européenne qui est associée à une notion de base, fondamentale:

vivre.

Parce que tout commence par là!


Je veux parler de la racine *gʷei-, ou *gʷeiǝ-.

Elle nous a transmis l'anglais "quick". Et le français vif.

L'un comme l'autre signifient "vivant", "en vie" avant de vouloir dire "rapide", "preste"...

"vif" nous est parvenu par le latin vīvus - vivant, en vie; alors que "quick" nous a été transmis par le biais du germanique *kwi(k)waz.

En français, nous parlons toujours de "mort ou vif".

En revanche, en anglais, le mot "quick" a pratiquement perdu son sens de "en vie".

Pourtant, jadis, on considérait qu'un bébé commençait réellement à vivre quand il bougeait pour la première fois dans le ventre de sa mère.
Et ce moment si important, on le qualifiait, en anglais, de "quickening", de "mise en vie".

On ne retrouve plus le mot anglais dans son acceptation initiale que dans la Bible du Roi Jacques, qui parle de Jésus comme "juge des vivants et des morts": judge "of quick and dead".

Ou dans le mot quicksilver, le mercure!
D'ailleurs, autrefois nous l’appelions en français vif-argent, "l'argent vivant"...

The King James Bible


Par le latin vīta - la vie, nous devons à la racine proto-indo-européenne *gʷeiǝ- vitalité, vital ou même vitamine!

Par le latin vīvus (en vie, vivant), *gʷeiǝ- nous a bien entendu légué vie, vivant, mais également vivarium, vivide, vivifier, vivacité, viable, vivace, convivial...

Et aussi... viande, vivres (les "provisions"), victuaille, ravitailler.

Viande, vivres, victuaille?? Mais euh??
Mais oui, c'est l'idée de "tout ce qui sert à la vie", qui "permet de vivre"...

Vipère! Vipère provient de la contraction du latin vīvipera: vivipare: "qui porte des jeunes en vie".

Car de nombreuses espèces de vipères "portent leur progéniture en vie", les oeufs incubant et éclosant dans le ventre de la femelle.
Nous parlerions maintenant plus précisément de la vipère comme d'une espère ovovivipare.
(pour vipère, voir également Mes parents? Là sur le rempart, sous le parasol.)

Sous une forme suffixée en -o, au degré zéro (perdant sa voyelle e), la racine *gʷeiǝ-, devenant donc *gʷiǝ-o, s'est dérivée dans le grec βίος - bios: la vie.

A qui nous devons biologie, microbe, antibiotique, mais aussi amphibien...

De biographie à biosphère, il serait fou de citer tous les mots qui en sont dérivés!

En voici une liste, non exhaustive...


Et puis, ne l'oublions pas, c'est toujours une variante de la racine, *gʷyō- qui nous a donné le grec ancien ζωή - zôê, "vie", sur quoi nous avons construit zoo, zodiaque, protozoaire...


Ce qui nous ramène à notre sujet de départ:

Car c'est Zooey Deschanel qui jouait le rôle de la terrienne Trillian dans l'adaptation très (trop, beaucoup trop) hollywoodienne du Hitchhiker's Guide to the Galaxy...

Zoé, c'est littéralement celle qui est pleine de vie...

Zooey Deschanel dans l'adaption au cinéma du
Hitchhiker's Guide to the Galaxy



A dimanche prochain, pour la suite!!!




Frédéric

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