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dimanche 22 octobre 2017

"Travaux sur la Grande Ceinture et le boulevard Groeninckx-De May"







NATURE DES TRAVAUX
Bruxelles Mobilité va réasphalter le Boulevard de la Grande Ceinture
et le Boulevard Maria Groeninckx-De May.

Les travaux se feront en deux phases (Deux week-ends).
Dans la zone de chantier, la circulation ainsi que le
stationnement sont interdits.

AARD VAN DE WERKZAAMHEDEN
Brussel Mobiliteit maakt om de Grote Ringlaan en de Groeninckx-De
Maylaan een nieuwe asfaltlaag te geven.

Deze werkzaamheden worden per fase uitgevoerd. (2 weekend)
In de zone waar gewerkt wordt is geen verkeer mogelijk en geldt
een parkeerverbod.

PLANNING
Boulevard de la grande ceinture et Boulevard Maria Groeninckx-De
May:
Vendredi 06.10 (20h00) → lundi 09.10.2017 (4h00) : de
Chaussée de Ninove jusqu’au boulevard Sylvain Dupuis
Vendredi 27.10 (20h00)  lundi 30.10.2017 (4h00) : de
Boulevard Sylvain Dupuis jusqu’à la Chaussée de Ninove”.

Bruxelles Mobilité
















Bonjour à toutes et tous!


Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude de la racine indo-européenne 
*werǵ-, “faire”, cette racine multi-millénaire, et qui pourtant est toujours bien là, comme par exemple sous les traits de notre français organiser...



*werǵ-, “faire”

forme au timbre o *worǵ-
nom indo-européen *wérǵom-, “travail”

 proto-hellénique *wérgon-

grec ancien ἔργον, érgon, “oeuvre, action, travail, tâche...”

grec ancien ὄργανον, órganon, “instrument, instrument de musique, organe...”

latin classique organum, instrument...

français organe

organiser 



C'est dingue.


Pour ceux (et celles, osons donc l'écriture inclusive, qui m'amuse personnellement beaucoup) qui prennent le train / la traine en marche, ce/tte présent(e) article est déjà le/a troisième que nous consacrons au racin / à la racine *werǵ- ; les deux premiers/ières étant ...
d'une fille un peu stupide, on ne dit plus qu'elle est gentille, on dit qu'elle est organisée.
 et 
l'ergothérapeute était allergique à toute liturgie.


Dans un souci bien naturel d'être parfaitement politiquement correct, et de n'exclure personne
- car bien sûr, l'inclusivité ne peut s'arrêter en si bon chemin -,
je ne voudrais évidemment pas que vous vous mépreniez, et pensiez que je ne m'adresse qu'à des dames en employant le pronom démonstratif celles. Ou qu'à des messieurs par l'utilisation de ceux

Quel esprit étroit oserait encore penser ainsi ? 

  • Si vous estimez que votre genre et/ou orientation sexuelle ne correspond pas au pronom démonstratif ceux / celles (biffez la mention inutile) qui vous est attribué d'une façon si normative et restrictive en fonction de votre sexe
ou 
  • que pour une raison temporaire, transitoire ou permanente vous ne possédiez pas de sexe, ou 
  • qu'au contraire vous en possédez plusieurs (du même genre ou pas), ou encore
  • que pour des raisons de pathologie clinique ou non (je ne suis pas là pour juger), vous viviez (simultanément ou consécutivement) sous des personnalités et/ou sexualités multiples, 
alors je vous propose de choisir le ou les pronom(s) démonstratif(s) qui vous convient/conviennent le mieux, avec la possibilité d'en changer à tout moment. 

Si vous ne souhaitez pas étaler votre vie affective et sexuelle ainsi, vous pouvez également vous créer un pronom démonstratif neutre, ou en tout cas qui vous corresponde au mieux.

Je profite également de ce moment d'inclusivité si important pour insister sur le fait que si je choisis d'écrire en noir (ou plutôt en caractères de couleur, pardonnez-moi), il ne faut y voir aucune volonté de ma part de célébrer une quelconque culture de l'impérialisme occidental sur l'Afrique subsaharienne.

Enfin, si j'écris de gauche à droite, je ne le fais pas pour railler l'arabe et insulter l'Islam, mais par facilité
(Même si - je dois bien l'avouer - je ne suis pas certain qu'un blog puisse être qualifié de halal. Je crois savoir que parmi les savants - oui, dans ce contexte, le mot n'existe pas au féminin - de la foi musulmane, les avis divergent. Oups! J'oubliais, écriture inclusive:  les avis divergent / divulvent.)

J'inclus également tout type de vie extra- (ou intra-)terrestre, de quelque sexe/orientation sexuelle/culture/couleur/religion que ce soit. 

Bon, là, je crois que j'ai déjà inclus pas mal de monde.
Je me sens déjà tellement mieux.

aaaaaaaaah (soupir d'aise)


On peut y aller.


Comme plusieurs d'entre vous l'avaient déjà pressenti, notre jolie *werǵ-, “faire” se retrouvera aussi dans les langues germaniques...

C'est sur cette même forme *wérǵom-, “travail”, que celle qui est à l'origine du grec ancien ἔργον, érgon
- et donc aussi, en toute logique, de notre français organiser -,
que se sont créés les proto-germaniques (et donc, non attestés)
  • *werką-, toujours de sens similaire: “travail, tâche, action”, et 
  • *wurkjan-, “travailler, produire, effectuer”.

Ces deux formes, nominale et verbale, vont donner à leur tour naissance à plein de dérivés germaniques...


*werǵ-, “faire”

forme au timbre o *worǵ-
nom indo-européen *wérǵom-, “travail”

proto-germaniques *werką-“travail...” et *wurkjan-, “travailler...”


Quelques exemples? 

Verk le vieux Norois
Par le - OUIIII!! - vieux norois verk, *werką- nous a donné, sans trop de surprise, le féroïen verk, ou l'elfdalien werk.





Mais c'est toujours bien *werką- que nous retrouvons dans...
  • le vieux frison werk, 
  • le néerlandais werk, ou 
  • le vieux haut-allemand werah, werh, werc. 




Et c'est toujours de *werkąque nous arrivent 
  • l'islandais verk, 
  • les suédois verk et yrke,
  • l'allemand Werk, 
  • le danois værk,
  • le scots wark, ou
  • le vieil anglais worc, weorc, ġeweorc, qui donnera le moyen anglais work, werk, et l'anglais moderne work.

Tous de sens similaire: travail, labeur, action..., même si le suédois yrke signifie plutôt profession.


Quant à la descendance du germanique *wurkjan-, vous la rencontrerez dans, ... 
  • l'anglais to work, via le vieil anglais wyrċan / wircan puis le moyen anglais werken, worchen,
  • le vieux frison werka, wirka, 
  • le vieux saxon (c'est chouette aussi) wirkian, 
  • le néerlandais werken, 
  • les allemands wirken, werken et werkeln, via le vieux haut-allemand wurken,  ou encore 
  • les suédois yrka and orka, ou l'islandais yrkja par - OUIII!!! - les vieux norois yrkja et orka.
vieux Saxon à l'ouvrage


D'une façon générale, tous ces descendants de *wurkjan-, ont conservé son sens initial, travailler, mais parfois, s'en sont (très) subtilement éloignés...

Ainsi, l'allemand werkeln signifie plutôt bricoler, et l'islandais yrkja signifiera cultiver (un champ), ou ... composer un poème !
Il s'agit, dans tous les cas, de produire, de fabriquer, dealiser.



Pour finir en beauté ce dimanche, je vous propose encore un mot germanique composé, descendant, pour l'une de ses deux parties, du germanique *werką-...

- Oh mais, ça suffit maintenant ! Encore du germanique ? Et le français, et les langues romanes, c'est pour les chiens ?
- Ah, vous voilà ! Vous allez toujours bien ?  Vous vous sentez bien inclus, au moins ? C'est vrai que je n'ai pas nommément mentionné les abrutis, les sectaires et les décérébrés dans mon introduction. Mais je dois aussi reconnaître que je n'y pensais pas. Du tout. Mais soit.

Mais attendez quand même la suite...


Ce mot composé dont je voudrais vous parler, on le retrouve deux fois en anglais.

Oui, deux fois ! Car nous avons affaire à un doublet lexical.

En d'autres termes, à un doublon, une paire de mots différents par la forme, mais de même origine étymologique, entrés dans la langue par des voies différentes. 
Oh, des doublets, le français en compte à foison: chaise et chaire, camp et champ, clavicule et cheville...

Ce mot anglais apparaît sous une première forme... bulwark.

Bulwark, bul-wark.

Que l'on peut décomposer en:
Bole - wark.

L'anglais bole désigne le tronc d'un arbre. Le mot provient du (YESSS !) vieux norois bolr, dont dérivent également le danois bul ou l'allemand Bohle, “planche”.

Quant à ce second terme -wark, oui, il dérive bien de notre germanique *werką-.

Mais il a pris ici un sens spécialisé, et désigne le travail ... de construction
D'où, par métonymie, la construction elle-même.
En français, nous parlerions... d'ouvrage !
un ouvrage d'art: pont sur le Rhin, Strasbourg


Bulwark désigne ainsi, à l'origine, un ouvrage de fortification en bois, un rempart.

Le mot n'est pas propre à l'anglais ; on le retrouve aussi
  • en allemand: Bollwerk, 
  • en danois: bolværk, 
  • en néerlandais: bolwerk...

Ça, c'est donc pour Bulwark, le premier terme de ce doublet lexical.


Le second (terme, de ce doublet lexical - allez, on s'accroche) ? 


Boulevard !


Qui signifie rigoureusement la même chose, et désigne - du moins à l'origine - un ouvrage de fortification en bois.

Mais pour arriver en anglais, le mot est ici passé par le ... français.

Qui l'a vraisemblablement emprunté au moyen néerlandais bolwerc.

Il est attesté dans des textes wallons et picards aux XIVème et XVème.

Il sera repris et adapté en français successivement sous les formes bolevers, bollewerc, bollevart, et enfin, au XVème, boulevars. 
C'est en 1559 qu'il se stabilise enfin sous la forme que nous lui connaissons toujours.

Il désignait toujours bien un ouvrage de défense, un rempart fait de terre et de madriers.


Vous le savez, les anciens remparts de nos villes se sont mués en ... boulevards
Qui gardent bien souvent l'ancien tracé des fortifications, mais sont devenus en un premier temps, avant l'automobile, de jolies promenades plantées d'arbres.

Eh oui !

Notre beau français boulevard est une pure invention germanique, mais d'origine indo-européenne.

À Liège, un bras de la Meuse (1), qui courait le long des remparts de la
vieille ville, est devenu le boulevard de la Sauvenière.

tout est ici, sur ce blog bien intéressant:
http://histoiresdeliege.skynetblogs.be/tag/remparts+notg%C3%A9riens



Sachez encore que le français boulevard n'a pas séduit que les Anglais !

Sont tombés sous son charme les Portugais et Espagnols, avec baluarte, et les Italiens, avec baluardo. 



L'eussiez-vous cru?
Oui, l'allemand Werk, l'anglais work dérivent bien de notre jolie *werǵ-, “faire”.
Mais aviez-vous pensé à notre français boulevard?




Moi, en tout cas, je vous souhaite un excellent dimanche, et une très bonne semaine !

À dimanche prochain ?





Frédéric



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ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,

le remarquable ensemble baroque Tafelmusik, nous interprétant cette fois
du Rameau, et précisément un court extrait de son opéra-ballet
Les Surprises de l'Amour.


Célébrons l'inclusion de la féminité dans le langage, avec le très à propos
Entrée de Vénus

(le rôle de Vénus, soprano, fut interprété pour la première, le 27 novembre 1748,
par Mme de Pompadour, ni plus ni moins)






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